Lu, vu, entendu, texte 5

Les Patriotes

Devoir de mémoire envers ces cinq Patriotes qui rêvaient de nous donner un pays, et qui ont été pendus le 15 février 1839 à la prison du Pied-du-Courant à Montréal. L’Histoire a retenu leur nom; ce sont : le notaire François-Marie-Thomas-Chevalier de Lorimier, le soldat français Charles Hindenlang, l’huissier Pierre-Rémi Narbonne, le cultivateur Amable Daunais et l’instituteur François-Stanislas Nicolas. Pierre Falardeau en a fait un film en 2001, qui m’a bouleversée.


Je me suis toujours demandé si nous avions des gens de la famille des Roux qui étaient Patriotes. 


Pour ceux qui veulent savoir si de leurs ancêtres faisaient parti des Patriotes, l’excellent site à connaître est celui-ci:

http://1837.qc.ca/index.shtml?fbclid=IwAR1PnGVrKs-LJIhekPvMMssu2rJAcB67fbCfDZqZH0YxE50R1LyBWQfRVEc#ancetre


Il est possible d’y effectuer une recherche parmi 16491 individus engagés dans la rébellion patriote du Bas-Canada entre 1834 et 1838. Une recherche au nom de Roux ne donne aucun résultat, alors qu’une recherche avec le nom Sanschagrin indique 3 militants.



Je me demande bien qui est ce Sanschagrin (sans prénom) qui habitait à Nicolet et qui a été dénoncé par affidavit par un certain Jérémie Clément Guévin.

Mon ancêtre François Leroux dit Sanschagrin (1764-1847), fils de Simon avait quitté Gentilly pour s’établir et se marier à St-Denis-sur-Richelieu pour revenir à Nicolet vers 1805-1809. Est-il possible que ce soit lui? Je crois que ce serait possible vu qu’il a un fils également prénommé François. Toutefois, il avait 74 ans au moment des événements. 


Son fils aîné François Roux dit Sanschagrin (1791-1865) avait pour sa part 47 ans au moment des événements. Il s’est marié à Nicolet le 6 avril 1812, avec Marie Bourgouin dit Bourguignon. Ils ont demeuré à Nicolet plusieurs années, avant de s’établir à St-Eusèbe de Stanfold devenu Princeville. Ils avaient aussi un fils prénommé François (1814-1902).


Dans les actes notariés anciens lorsque les père et fils portaient le même prénom, on écrivait Sanschagrin père et Sanschagrin fils. Ainsi, la lecture du titre de l’affidavit (en photo plus bas) « The Queen vs Sanschagrin, père » me fait penser qu’on distinguait ainsi un père de son fils portant le même prénom.  Je crois qu’il s’agit d’une piste à explorer. Toutefois, il y a aussi la possibilité que ce soit d’autres Roux dit Sanschagrin, descendants de Simon Roux. Ou encore une autre famille avec un nom dit Sanschagrin elle-aussi. Il ne faut alors rien présumé.


Cette plainte à l’encontre d’un Sanschagrin m’intrigue fortement! Des recherches beaucoup plus approfondies seront requises à ce sujet. Je ne peux et ne veux rien affirmer sans preuve. Lors de mes prochaines recherches sur la vie de François fils et de son épouse Marie Bourgouin, j’essaierai de retrouver les adresses où ils ont demeuré. Je ferai de même pour François père et sa femme Marie-Josephte Martin. Je chercherai dans les recensements afin de savoir qui étaient tous les Sanschagrin qui demeuraient à Nicolet en 1838. Il me faudra aussi voir dans les archives judiciaires s’il y a des procès à leur égard. J’aurai sans doute une visite à faire au centre d’archives régionales de Nicolet. Ce sera une recherche qui va requérir du temps!


J’ai d’ailleurs débuté par ma recherche sur le site Advitam de nos archives nationales du Québec, afin de lire cette plainte et de savoir ce qu’il en était. Bien heureuse de  vous la partager ainsi que sa transcription:





Jérémie Clément Guiévin, Journalier de la 

paroisse de Nicolet, Lequel après Serment prêté

sur les Saints Évangiles, dépose et dit qu’il y a environ

huit ou quinze Jours le nommé Sanschagrin

père, cultivateur de la paroisse de Nicolet, lui dit

que si quelqu’un alloit pour l’appréhender

il le tueroit où feroit tout son possible pour 

le faire, et ledit déposant ne dit rien de plus

et a Signé.

Jérémie Clément guévin

Assermenté à Nicolet

Ce 4 février 1838

L. M. Cressé (Luc Michel Cressé) J.P. (pour juge de paix)


La lecture de la plainte nous indique que le dénommé Sanschagrin, ne veut pas se faire arrêter sans réagir, il est menaçant. Il faut savoir que pendant cette période trouble, il y avait les Patriotes, et il y avait aussi ceux qui ne voulaient pas de cette rébellion et qui collaboraient étroitement avec les autorités anglaises.


Cet article de journal (1) relate d’ailleurs une rencontre d’allégeance à la reine Victoria qui s’est tenue à Nicolet le 26 décembre 1837:



Nos ancêtres ne l’ont pas eu facile à cette époque! Il y a d’ailleurs plusieurs excellents livres d’histoire à lire à ce sujet. En voici d’ailleurs deux qui m’ont beaucoup plu:



Pour terminer, je cite Jean-François Veilleux, professeur à l’UQTR, dont j’ai suivi une conférence très intéressante sur les Patriotes en décembre dernier: « Les combats que ces réformistes ont menés il y a 180 ans sont très révélateurs et toujours d’actualité : la lutte pour la démocratie et des institutions plus représentatives de la volonté générale, la responsabilité ministérielle, la justice sociale, la séparation de l’Église et de l’État, le républicanisme, soit l’égalité de tous les citoyens devant la loi, la liberté de presse, la liberté de penser et de se rassembler, la souveraineté populaire ainsi que l’achat local. »(2)


À bientôt,

MC


(1) The Quebec gazette = La gazette de Québec, 1838-02-06, Collections de BAnQ. Page 2


(2) Veilleux, J.-F. (2019). Le rôle insoupçonné des Patriotes de la Mauricie dans les

rébellions de 1837-1838. Histoire Québec, 25(1), 26–29.


P.S. Si vous voulez en savoir plus et lire cet auteur je vous suggère son excellent livre:









Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Sur les traces de… ou l’histoire de… texte 36

Sur les traces de… ou l’histoire de… texte 34

Sur les traces de… ou l’histoire de… texte 35