Sur les traces de… ou l’histoire de… texte 23

La petite histoire d’Yvon Roux, mon père 


Aujourd’hui je publie deux textes plutôt qu’un. Pourquoi? Parce que mon père Yvon est né un 26 janvier. Il aurait eu 94 ans. Alors, j’avais le goût de vous partager une petite histoire relative à son parcours professionnel.


Né le 26 janvier 1930 et baptisé le lendemain à la paroisse Notre-Dame de Grâce de Québec, papa est l’aîné d’une fratrie de 8 enfants. Ses parrain et marraine sont Joseph Gosselin et Laura Laliberté (1):



Il apparaît sur le recensement canadien de 1931 (2), habitant alors la ville de Québec:



La plus ancienne photo que nous avons le concernant est celle-ci prise alors qu’il avait 7-8 mois. Il était un solide petit gaillard:



En 1931, naît son frère Fernand, qui est devenu handicapé suite à une grave maladie. C’est la dure récession, le travail est rare, la nourriture aussi, alors mes grands-parents retournèrent à St-Norbert d’Arthabaska, où tante Rita naît en 1933. Je vous réfère ici à mes petites histoires publiées au sujet de grand-papa Wilfrid Roux le 9 février 2023 et celle de grand-maman Marie-Rose Gosselin du 31 mars 2023.


Mon père était doué à l’école, mais les besoins de la famille feront en sorte qu’il aidera, dès son jeune âge, aux nombreuses tâches sur la ferme de ses parents, quittant l’école à son grand regret après sa septième année. Toutefois, à 17 ans, il obtiendra une bourse qui lui permettra d’étudier gratuitement à l’école moyenne d’agriculture de Nicolet en 1947-1948 et 1948-1949. Son diplôme mentionne qu’il a subi ses examens avec très grande distinction:













Selon le journal Le Nicolétain en date du 22 avril 1949 (3), il a reçu ce diplôme lors d’une grande cérémonie du 13 avril 1949, et que « plus de 700 personnes ont assisté à cette brillante démonstration au cours de laquelle 29 finissants ont reçu leur diplôme de capacité agricole ». On y apprend aussi que l’institution célébrait en 1949, son onzième anniversaire de fondation et que depuis 1938, elle avait décerné près de 344 certificats. L’article du journal relate dans les détails cette belle soirée. C’est comme si nous y étions! 


Papa n’a pas été le seul de sa famille à fréquenter l’école moyenne d’agriculture puisque tante Rita et oncle Jean-Paul y ont aussi étudié.  Voici une photo tirée d’une carte postale que papa conservait:



Mon père se passionnait d’agriculture. D’ailleurs, il rêvait de devenir agronome. Il n’a pas réalisé ce rêve, mais les métiers qu’il a occupés ont toujours gravité autour de l’agriculture. De plus, il s’est toujours impliqué bénévolement dans divers organismes (comités d’école, chorale, âge d’or) et ce, depuis sa jeunesse à St-Norbert où il a agit à titre de président du Cercle des jeunes agriculteurs. 


D’ailleurs son cercle remportera en 1952 la palme dans les éliminatoires de 2 ième année des concours d’électrification rurale. Les journaux d’époque le mentionnent (4):



Chapeautés par le ministère de l’agriculture avec la collaboration étroite des autorités civiles et religieuses des paroisses, les cercles agricoles travaillaient pour assurer aux futurs cultivateurs, une préparation à la coopération et à la carrière agricole. Les travaux agricoles se modernisaient, il fallait développer de nouvelles façons de faire. Les cercles étaient composés de jeunes agriculteurs de 14 à 25 ans. La même année, il se verra décerner la médaille d’argent du mérite agricole juvénile.


L’année précédente, soit en 1951, papa s’était aussi mérité un prix décerné par la compagnie Shawinigan Water & Power, aux élèves les plus méritants des cours d’électricité donnés par les agronomes de cette compagnie (5):




On le voit ici à Ste-Sophie d’Halifax, photographié devant la maison de Johnny Roux, son grand-père paternel:



J’ai retrouvé dans un texte du journal de L’Union des Cantons de l’est, son parcours professionnel (6):



En résumé, il a séjourné une semaine intensive à la Villa St-Vincent de Charlesbourg pour y suivre une formation de chef. Voici deux photos, la première étant une carte postale de cette Villa:




Puis, il a suivi en 1953, à l’abattoir de St-Anselme, une formation spéciale sur le sexage (trouver dans un lot rapidement les mâles et femelles poussins).  Il travaillera environ cinq ans à l’Abattoir coopératif avicole de Victoriaville, pour ensuite obtenir le poste de propagandiste pour la Meunerie Coopérative à Victoriaville. Selon l’article « son rôle consiste à visiter les cultivateurs de la région pour leur parler d’orientation, de plan d’intégration, d’élevage et de construction rurale ».


L'abattoir coopératif avicole des Bois-Francs (7). À gauche, on remarque la meunerie de Victoriaville:



De 1963 à 1965, il a occupé la présidence du comité régional de coopération des Bois-Francs (fondé en 1951), selon le journal La Tribune (8) dont voici la photo:



En 1966, il obtient un poste à Ste-Anne-de-la-Pérade, à titre de conseiller coopératif pour l’usine Crino (qui a opéré de 1939 à 1991) qui appartient alors à la Société coopérative agricole de Granby, qui deviendra Agropur. Son territoire de travail: les comtés de Champlain et de Portneuf. Dans le cadre de ce travail, il aura donné plusieurs conférences lors des assemblées des cultivateurs sociétaires.



Il aimait renseigner et mettre de l’avant son savoir afin de parfaire les connaissances d’autrui. Il avait vraiment à cœur d’entretenir et de transmettre les convictions et les valeurs coopératives auxquelles il croyait. Il aimait le travail d’équipe et la consultation. Il a travaillé pour Agropur jusqu’en 1995, année où il a pris sa retraite.


Ses principaux intérêts de loisir étaient la lecture, s’occuper de son terrain et de son immense jardin avec maman, la peinture avec maman et leur amie Thérèse Sauvageau (ils suivront des cours de 1976 à 1979), et bien sûr la chorale de Grondines, où maman a été organiste pendant plusieurs années. Il a aussi participé à des ligues de quilles, et il a été lanceur (tout comme maman) pour un club de softball à La Pérade.


Malheureusement en 2011, la maladie frappe à nouveau et il décèdera au CHUL à Québec, d’un cancer de l’œsophage le 11 août 2012. Il repose en paix dans le lot familial des Roux au cimetière St-Joseph à Victoriaville. 



En sa mémoire, en août 2022, j’ai mis en ligne ce blogue qui lui est d’ailleurs dédicacé ainsi qu’à maman. Cette petite histoire résume sommairement sa vie professionnelle, et j’aurai sans doute la chance d’approfondir d’autres sujets le concernant. Il me semble qu’il y a tant à dire… Les êtres aimés nous habitent pour toujours…


À bientôt 

MC

 

(1) Registres d’état civil et registres paroissiaux (Collection Drouin), Québec, Canada, 1621 à 1968


(2) Recensement du Canada de 1931, Library and Archives Canada; Ottawa, Ontario, Canada; Seventh Census of Canada, 1931; Folder Number: T-27228; Census Place: Québec West, Quebec, Canada; Page Number: 24


(3) Le Nicolétain, 1949-04-22, Collections de BAnQ. page 1


(4) L'Union des Cantons de L'Est : journal politique, industriel, littéraire et agricole, 1952-05-15, Collections de BAnQ. page 12


(5) L'Union des Cantons de L'Est : journal politique, industriel, littéraire et agricole, 1951-06-07, Collections de BAnQ. page 6


(6) L'Union des Cantons de L'Est : journal politique, industriel, littéraire et agricole, 1963-09-26, Collections de BAnQ. pages 24 et 25


(7) L'abattoir coopératif avicole des Bois-Francs. À gauche, on remarque la meunerie de Victoriaville, 1948, BAnQ Québec, Fonds Ministère de la Culture et des Communications, (03Q,E6,S7,SS1,P66452), Omer Beaudoin.


(8) La Tribune, 1964-12-18, Collections de BAnQ. page 4


P.S. Pour en savoir plus sur les cercles des jeunes agriculteurs, l’agronome Jean-Charles Magnan a publié en 1933, un livre qu’on retrouve à BAnQ: https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4393603


Pour en savoir plus sur les coopératives agricoles: https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2018-n135-cd04097/89176ac.pdf


L’école moyenne d’agriculture de Nicolet: https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=201841&type=bien


Histoire de l’enseignement agricole: https://www.erudit.org/fr/revues/haf/2004-v58-n1-haf865/010979ar.pdf


















Commentaires

  1. Merci pour l'article avec des photos que je n'avais pas. Papa nous a transmis sa passion pour le partage de connaissances. Il m'a demandé de lui servir de secrétaire (prêcher par l'exemple) lors de ses rencontres d'agriculteurs à l'automne 1976 que j'ai passé à la maison de Grondines à cause de la grève à l'université Laval. Il avait à cœur de nous aider à acquérir des connaissances et à expérimenter des activités afin de nous aider à découvrir nos forces et aussi nous améliorer et bien sur avec comme but de nous munir d'outils utiles pour la vie. C'était pour moi une grande joie de le voir se réjouir de tous nos succès si petits étaient-ils.
    Micheline Roux

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