Sur les traces de… ou l’histoire de… texte 15
La petite histoire de Mérina Labonté, fille d’Obéline Roux et cousine de Wilfrid
« Ma grand-mère Jobin a eu 11 enfants. Elle a pu « empêcher la famille » sans sentir qu’elle était une mauvaise catholique seulement après qu’un prêtre lui a dit qu’avec 11 enfants, elle avait « fait sa part ».
Du côté des Pedneaud, la grand-mère de ma mère est morte à 34 ans. Après avoir eu 13 grossesses. Dont huit se sont rendues à terme. De la souffrance pure.
Des familles de partout, des femmes de partout, pourraient raconter des histoires semblables. Au Québec, l’Église était toute puissante, elle contrôlait bien des vies et si elle a fait beaucoup de bien, elle a aussi causé beaucoup, beaucoup de souffrances. »
Ce début d’un texte de Maxime Pedneauld Jobin, publié dans La Presse du 2 février dernier, m’a beaucoup interpellé. Ça m’a inévitablement fait penser à toutes ces femmes de ma famille, qui ont vécu ces grossesses successives qui les ont usées, ou qui ont vécu une unique grossesse qui leur a fait perdre la vie. Je pense ici à Mérina Labonté et à Amanda Roux, fille de Mary Brunelle et de Louis Roux Jr (fils de Louis Roux et Adélaïde Poisson) dont je vous raconterai les petites histoires la semaine prochaine. Cette semaine, ce sera les petites histoires des sœurs Mérina et Dianna Labonté, filles d’Obéline Roux et d’Alexandre Labonté, donc cousines germaines de grand-papa Wilfrid.
Mérina Labonté est née le 28 novembre 1896, à St-Norbert d’Arthabaska. Elle a été baptisé le lendemain 29 novembre et ses parrain et marraine étaient: David Labonté et Philomène Roux, ses oncle et tante.
Voici des photos magnifiques qui représentent parfaitement l’époque et la joie de vivre de cette belle famille d’Obéline Roux. En ce qui concerne les photographies de ses plus jeunes années, je vous réfère à la petite histoire de sa mère publiée le 2 mars.
D’abord deux photos du photographe A.D.Michaud, datant du 9 février 1917:
Derrière: Mérina, Théodora et Dianna
Au centre: à identifier, Irma
Devant: Donat et Arsène
En 1918, assise, avec sa sœur Dianna debout:
En 1919, Mérina avait alors 23 ans:
En mai 1923 avec ses frères et sœurs:
Arsène, Théodora, Mérina, Irma et Henri Garand (qui deviendra le mari d’Irma en 1926):
Avec ses sœurs, vers 1925-1926: Théodora, Mérina assise et Irma:
En août 1926, Irma, Mérina assise et Théodora:
À l’âge de 30 ans, elle a épousé Edmond Desrochers le 29 juin 1927 à St-Norbert, tel qu’on peut le lire sur leur acte de mariage que voici (1):
M. 2 Desrochers Edmond et Mérélina Labonté
Le vingt-neuf juin, mil neuf cent
vingt-sept, vu la dispense de deux
bans de mariage accordée par Monseigneur
J.E. Bourret, Vicaire Général de Nicolet,
vu la publication de l’autre ban
faite, sans opposition, le dimanche
précédent, au prône de notre messe
paroissiale, ainsi qu’au prône de la
messe paroissiale de Saint-Medard de
Warwick, comme il appert par le
certificat du curé de la dite paroisse
entre Edmond Desrochers, cultivateur
domicilié dans la paroisse de Saint
Menard de Warwick, fils majeur de Alfred
Desrochers et de Albina Laliberté, aussi de
la paroisse de Saint-Médard, d’une part
et de Mérélina Labonté, domiciliée dans
cette paroisse, fille majeure de feu
Alexandre Labonté et de Obéline Roux,
aussi de cette paroisse, d’autre part,
ne s’étant découvert aucun empêche-
ment au dit mariage, nous, curé,
soussigné, avons reçu leur mutuel
consentement de mariage, et leur avons
la bénédiction nuptiale en présence de
Alfred Desrochers et de Donat Labonté,
Lesquels, ainsi que les époux, ont
signé, avec nous. Lecture faite.
Mérina Labonté
Edmond Desrochers
Alfred Desrochers
Donat Labonté
C.E. Joyal ptre, curé
Quelques notes:
Son père Alexandre étant décédé en 1925, c’est son frère aîné Donat qui lui sert de témoin. Sur son acte de baptême et de mariage nous lisons le prénom de Mérélina, mais elle signe Mérina, prénom utilisé dans sa famille et par elle-même.
Il y a un article de journal qui a été publié concernant le mariage. Toutefois, on y lit qu’Alexandre Labonté était le témoin de sa fille, il s’agit plutôt de son frère Donat, l’aîné de la famille (2):
Quelques mois plus tard, elle décède le 14 mars 1928 à Warwick. Elle était mariée depuis à peine 8 mois. Sur l’endos d’une photo, il est indiqué qu’elle est décédée suite à une fausse-couche sans curetage. Quelle tristesse! L’enfant n’a pas été mené à terme puisqu’aucun acte de naissance et sépulture n’est présent dans les registres civils.
Elle sera inhumée le 16 mars 1928 dans le lot de ses parents à St-Norbert d’Arthabaska. Voici l’acte de sépulture:
S.4 Labonté Mérélina
Le seize mars mil neuf
cent vingt-huit, nous, curé,
soussigné, avons inhumé
dans le cimetière de cette
paroisse le corps de Mérélina
Labonté, décédée le quatorze
courant à Saint Ménard de
Warwick, à l’âge de trente ans et
trois mois, épouse de Edmond
Desrochers, de Warwick. Présents à
l’inhumation Edmond Desrochers, Jules
Desrochers, soussignés. Lecture faite
Edmond Desrochers
Jules Desrochers
C.E. Joyal ptre, curé
C’est sa mère Obéline qui a fait la déclaration de décès devant le notaire Edgar
Laliberté, de Warwick le 29 juin 1928, date à laquelle Obéline a également cédé à son gendre, les biens que Mérina lui avait donnés par un testament olographe fait en février 1928.
La déficience de soins en ces temps pas si éloignés, nous donne à réfléchir sur la dureté de la vie. Un drame de mourir si jeune… Puis de penser qu’il aurait pu être évité avec des soins adéquats, ça aussi c’est si triste. Lorsque j’ai commencé mes recherches pour le blogue, l’histoire de Mérina m’a beaucoup touchée. Je voulais que nous ayons une pensée pour elle qui est partie bien trop tôt.
À la prochaine,
MC
(1) et (3) Registres d’état civil et registres paroissiaux (Collection Drouin), Québec, Canada, 1621 à 1968, paroisse St-Norbert d’Arthabaska sur le site Ancestry.
(2) L'union des Cantons de L'Est : journal politique, industriel, littéraire et agricole, 1927-07-21, Collections de BAnQ, page 5.
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