Sur les traces de… ou l’histoire de… texte 22

La petite histoire de Marie-Rose Gosselin, ma grand-mère paternelle 

J’ai eu le bonheur d’avoir une grand-maman toute douce et aimante. J’en garde un excellent souvenir. Elle cuisinait divinement. Lorsque nous lui rendions visite à Victoriaville (rue Désiré), elle avait toujours dans son gros chaudron en fonte blanc ses excellentes galettes à la mélasse, et aussi, du chocolat, des peanuts, des bonbons, des chips et de la liqueur. Elle nous gâtait lors de nos visites! Je me rappelle de ses bons plats de poulet en sauce et de son blanc-mange: un délice… Il y avait un énorme et long escalier pour se rendre à son appartement, je me rappelle que nous sentions déjà l’odeur de sa bonne cuisine en le montant… à la course pour nous rendre au deuxième étage.

Grand-maman Marie-Rose est né le 22 octobre 1903 à Ste-Sophie, selon son acte de naissance (1), toutefois elle nous a toujours mentionné qu’il y avait une erreur sur le registre, et qu’elle était plutôt née le 20 octobre. D’ailleurs, c’est ce que sa mère Clothilde a inscrit sur sa petite liste que je vous ai partagée dans la précédente petite histoire. Son anniversaire a toujours été célébré et souligné le 20.

J’ignore pour le moment qui est ce Louis Caouette, son parrain. Par contre, en ce qui concerne sa marraine, c’est Marie-Anna Gosselin, en fait,  Marie-Anna Leclerc, épouse de Donat Gosselin et soeur de Clothilde (maman de Marie-Rose), donc sa tante maternelle.

Marie-Rose est la dernière d’une fratrie de dix enfants, dont huit ont survécu à la petite enfance. Elle avait tout de même 24 ans de différence avec Joseph son frère aîné. Ce qui fait que ses neveux et nièces étaient plutôt de son âge. Elle nous parlait d’ailleurs beaucoup de sa nièce Rachelle (née en 1907 à Manchester au New-Hampshire, USA), fille de Joseph et de Laura Laliberté (soeur du talentueux sculpteur Alfred). Elle avait aussi des bons liens avec Rosa, Jeannette et Simonne, les filles de son frère Gédéon.

Nous avons deux magnifiques photos de son enfance. La première où elle a environ deux-trois ans, et la deuxième vers l’âge de 16 ans. Elle avait les cheveux blonds et les yeux bleus.

Elle a passé sa jeunesse à Ste-Sophie d’Halifax. Elle avait 18 ans lors du décès de sa mère Clothilde en 1921. Tante Rita m’a mentionné qu’avant son mariage, grand-maman aidait ses frères Arsène et Gédéon veufs, et qu’elle aimait aussi beaucoup ses neveux et nièces Jutras, enfants de sa sœur Appoline décédée à l’âge de 33 ans en 1920 et femme d’Adélard Jutras, dont la soeur Alice faisait figure de maman.  Rita l’appelle d’ailleurs « ma tante Alice ».

Marie-Rose avait aussi développé pendant sa jeunesse des liens d’amitié avec ses cousines germaines Helena et Blanche Gosselin, filles de Donat Gosselin et de sa marraine Marie-Anna Leclerc. J’ai trouvé dernièrement des photos magnifiques qu’il me fait plaisir de vous partager, puisque nous y retrouvons des airs de famille 🥰

Voici d’abord la photo de Blanche Gosselin, prise par le photographe A. Bélanger de Plessisville:

Puis celle-ci, où l’on voit de gauche à droite, Marie-Louise (née en 1899), Blanche debout (née en 1904) et Helena à droite (née en 1901):

Suivant le décès de sa femme Clothilde, le père de grand-maman, Johnny Gosselin quitte Ste-Sophie et part s’établir chez son fils Arsène, qui travaillait alors à l’Hospice St-Joseph de la Délivrance de la paroisse Christ-Roi de Lévis. Johnny y est d’ailleurs décédé le 7 août 1928.

En 1923, Marie-Rose est partie quelques semaines aux États-Unis, pour visiter son frère aîné Joseph et sa famille, qui habitaient à Manchester au New-Hampshire. J’ai retrouvé son « passage aux lignes » en date du 6 septembre 1923 (2). Elle voyageait alors avec son frère Georges et sa cousine Blanche Gosselin, tel qu’on peut le voir aux lignes 9, 10 et 11.

Voici une photo de la famille de Joseph Gosselin, prise à cette époque. De gauche à droite, il y a Rachelle, Gérard le petit garçon, Georges et Marie-Rose, puis assis, Joseph Gosselin et sa femme Laura Laliberté (qui sont les parrain et marraine de mon père Yvon):

Et une photo plus ancienne, où on voit Marie-Rose assise, avec sa nièce Rachelle et son frère Georges:

Le 11 juin 1928, elle épousera mon grand-père Wilfrid Roux à Lauzon, paroisse St-Henri. On peut lire sur l’acte de mariage (3) que Wilfrid habitait la paroisse Notre-Dame de Grâces à Québec (il travaillait à Québec comme journalier et menuisier à cette époque). Nous notons aussi la présence de John-Johnny Roux, père de Wilfrid, et c’est Joseph Gosselin, frère de Marie-Rose qui agit comme témoin pour elle. Son père ne devait pouvoir le faire pour cause de maladie, nous savons qu’il est décédé le 7 août, soit 2 mois plus tard.

Marie-Rose et Wilfrid s’installent à Québec pour quelques années. Mon père Yvon et oncle Fernand y sont nés. Mais la maladie de Fernand et la crise économique auront un impact majeur sur eux, et c’est ce qui les amènera à s’installer à St-Norbert d’Arthabaska, d’abord chez Johnny, le père de Wilfrid (tante Rita y est née en 1933), puis, quelques années dans un appartement à Warwick. En 1936, Wilfrid achètera leur terre à St-Norbert d’Arthabaska. Ce sujet fera d’ailleurs l’objet de mon prochain texte.

Lorsque j’étudiais au CEGEP en histoire, j’avais à faire un travail sur la crise économique et j’avais alors interrogé Wilfrid à ce sujet. Comment avez-vous vécu cela? Il m’avait répondu: « J’ai dit à Ti-Rose, même si on n’a pu une cenne, pas vrai qu’on va crever de faim, on va aller trouver refuge à la ferme familiale pour un petit bout, au moins on va avoir de quoi à manger! » et «Fallait mettre notre fierté de côté pour survivre». Il était encore ému par la situation. Ça m’avait vraiment frappé de l’entendre me raconter son histoire, j’en étais bouleversée. Je me rappelle de l’avoir félicité pour son courage et il m’avait répondu: on n’avait pas le choix! 

Afin de savoir où ils habitaient, j’ai effectué une recherche dans les annuaires Marcotte (4).  En gros, un bottin d’adresse des habitants de la ville de Québec (que je ne peux reproduire ici puisqu’il y a des droits d’auteur). Je suis heureuse d’avoir trouvé l’adresse où ils résidaient en 1929-1930, et l’inscription qu’on peut lire est:

Roux Wilfrid, menuisier Châteauguay 122.

Pour les années 1930-1931 et 1931-1932, l’inscription est celle-ci:

Roux Wilfrid, menuisier Châteauguay 107. Ils avaient donc déménagé dans un autre logement en 1930. Aucune mention de Wilfrid, pour les années 1927 et 1928 (le bottin devait déjà être imprimé en juin). Je présume aussi que grand-papa devait demeurer en pension-chambre avant son mariage.

Voici des photos qui nous aide à les situer et voir leur environnement:

Marie-Rose et Wilfrid ont eu 8 enfants, mon père Yvon en est l’aîné:

Voici ce précieux souvenir, la liste des enfants Roux écrite de la main de Marie-Rose:

Wilfrid vendra sa terre à son fils, mon oncle Jean-Paul. Wilfrid et Marie-Rose demeureront alors un temps à Princeville, puis sur la rue Désiré à Victoriaville, tout près de l’église St-Gabriel-Lallemant où j’ai été baptisé.

Grand-maman est décédée le 22 janvier 1977, à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. 

Elle a été inhumée dans le lot familial du cimetière St-Joseph de Victoriaville.

À titre de grand-maman elle a occupée une place importante dans la vie de ses petits-enfants, puisqu’elle a noué je crois, avec chacun un lien privilégié. Nous prenions plaisir à lui rendre visite et elle nous a donné beaucoup d’amour. Elle occupe une belle place dans notre coeur. Encore un immense merci à tante Rita Roux-Breton qui me raconte si bien ses souvenirs.

À bientôt,

MC

(1) Sainte-Sophie-d'Halifax, 1855-1918, BAnQ Québec, Fonds Cour supérieure. District judiciaire d'Arthabaska. État civil, (03Q,CE305,S24). 

(2) Passages à la frontière canado-américaine, États-Unis, 1895 à 1960 du site Ancestry.

The National Archives at Washington, D.C.; Washington, D.C.; Manifests of Alien Arrivals at Newport, Vermont, ca. 1906-June 1924; Record Group Title: Records of the Immigration and Naturalization Service, 1787 - 2004; Record Group Number: 85; Series Number

(3) Registres d’état civil et registres paroissiaux (Collection Drouin), Québec, Canada, 1621 à 1968, paroisse sur le site Ancestry.

(4) Ce que sont les annuaires Marcotte: https://numerique.banq.qc.ca/ressources/details/marcotte

Pour y accéder:

https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3690696