Chez le notaire, texte 5
Contrat de mariage de Napoléon (Paul) Roux et Emilie Luneau
Voilà ici une belle découverte cette année que ce contrat de mariage des grands-parents de Wilfrid. Le mois de février 1874 aura été un tournant dans la vie de Napoléon (Paul) Roux. Comme nous l’avons vu précédemment, il reçoit de son père Louis, une terre (avec maison et grange) en donation le 2 février, en contrepartie d’une somme de 200$ piastres, et dont il obtiendra quittance en décembre 1879.
Le 7 février, il se rend chez Antoine Luneau, père de sa future femme, pour y passer son contrat de mariage (lequel mariage sera d’ailleurs célébré à St-Norbert d’Arthabaska) quelques jours plus tard, soit le 10 février.
Il me fait plaisir de vous partager sa transcription.
No 595
Contrat de mariage entre Sr (Sieur) Napoléon Roux et Dlle (Demoiselle) Emilie Luneau
7 Février 1874
Pardevant le Notaire Public
pour la Province de Québec
demeurant dans le Village
de Princeville, comté et Dis-
trict d’Arthabaska, soussigné
Sont comparus
Sieur Napoléon Roux (mots rayés : céliba-
taire majeur), cultivateur
demeurant dans la Paroisse
de St Norbert d’Arthabaska,
célibataire majeur, usant
de ses droits de son vouloir
et consentement d’une
part,
Et Sieur Antoine Luneau,
cultivateur demeurant
dans la dite Paroisse de
St Norbert d’Arthabaska,
stipulant aux présentes
pour et au nom de (mot rayé)
demoiselle Emilie Luneau
sa fille mineure à ce aussi
présente et de son vouloir
et consentement d’autre
part,
Lesquels ont arreté entre eux
les conventions civiles du ma-
riage projetté entre le dit
Napoléon Roux futur époux
et la dite demoiselle Emilie
Luneau future épouse, le-
quel mariage sera célebré
en face d’église aussitôt
que l’une des dites parties
en requerra l’autre.
Article 1er
Il y a aura communauté (de)
de biens entre les futurs époux
suivant le code civil du
Bas-Canada.
Article 2ème
(mot rayé :Les) Il n’y aura aucuns
douairres tant coutumier
que préfix, la dite future
épouse y renonçant (mots rayés : spé-
cialement tant) expressé-
ment tant pour elle que
pour ses enfants.
Article 3ème
Et pour la bonne amitié
que le futur époux porte
à la future épouse il lui fait
par ces présentes donation pure,
simple et entrevifs en pur
don, ( mot rayé: à) ce acceptant la fu-
ture épouse pour elle et ses ayants
droits, la somme de trois cents
piastres courant, laquelle
somme sera payable aux
héritiers de la dite future épou-
se aussitôt après son décès si
elle décède la première ou
à la future épouse aussitôt après le décès du
futur époux si le futur époux
décède le premier, sans intérêt.
Et pour sureté du paie-
ment de ladite somme
de trois cents (mot rayé : en) piastres lui
le dit futur époux donne
à la future épouse, il a par ces
présentes spécialement af-
fecté et hypothèque l’immeu-
ble suivant savoir :
Un terrain faisant partie du
lot numéro un dans le di-
xième rang du Township d’Ar-
thabaska a être pris au centre
du lot, et contenant cinq ar-
pents plus ou moins de
front sur la profondeur du
lot borné en front au neuviè-
me rang et en arrière au on-
zième Rang du dit Township,
joignant d’un côté au Sud Est
à Narcisse Houle et de l’autre
coté au Nord Ouest à George
Turcotte, avec batisses dessus
construites.
Article 4ème
Le dit Antoine Luneau père de
la future épouse, en considé-
ration (2 mots rayés) du mariage,
fait donation à la future
épouse ce acceptant des
articles suivants savoir : une
vache, deux brebis, un lit
garnis, un rouet, six assiettes,
six tasses à thé et souscoupes, un
thépot, six couteaux et four-
chettes douze cuillères (mot rayé : lesquels
articles) & (et) une commode, les-
quels articles seront payables
après la célébration du ma-
riage.
Dont acte fait dans
La dite Paroisse de St Norbert
d’Arthabaska en la demeure
du dit Antoine Luneau,
le sept de Février mil huit
cent soixante quatorze, sous
le numéro cinq cent quatre (vingt)
vingt quinze des minutes
de Mtre (maître) L. Lavergne notai-
re soussigné. Requis
de signer le futur époux
et le dit Antoine Luneau
ont déclaré ne le savoir en
présence de Sieur Ferdinand
Bécotte, cultivateur, de la dite
Paroisse de St Norbert d’Artha-
baska, témoin exprès man-
dé qui a signé ainsi que
la future épouse avec
nous notaire Après lec-
ture faite—onze
mots rayés nuls pre ligne
prolongée bonne/
signature : Emilie Luneau
Marque Napoléon Roux
Marque Antoine Luneau
Signature : Ferdinand Bécotte
Signature : L. Lavergne
N.P. (Notaire Public)
/MCR 31-10-2022
En 1874, Napoléon est majeur puisqu’il a 22 ans, il peut alors agir par lui-même devant le notaire. Émilie âgée de 19 ans est représentée par son père, puisqu’elle ne peut le faire n’ayant pas la capacité légale. Ce droit sera accordé aux femmes en 1964! (1) Quant à l’âge de la majorité, il passera de 21 ans à 18 ans en 1971.
Émilie n’arrive pas les mains vides, car elle reçoit en dot de son père Antoine Luneau: une vache, deux brebis, un lit garni, un rouet, six assiettes, six tasses à thé et soucoupes, un thépot (théière), six couteaux et fourchettes, douze cuillères, et une commode.
Comme on peut le constater, le contrat du notaire Louis Lavergne nous apprend aussi que la future épouse sait signer son nom et j’aime alors m’imaginer qu’elle a montré à son beau Napoléon à le faire, puisqu’il le fera d’une belle écriture par la suite. En 1883, lors d’un achat de terrain il signe son nom. Ce contrat fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article du blogue.
À la prochaine,
MC
(1) https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/sjc-csj/pji-ilp/hist/index.html
P.S. Je vous suggère la lecture d’un texte intéressant sur les fréquentations et le mariage autrefois: http://rdaq.banq.qc.ca/expositions_virtuelles/coutumes_culture/juin/mariage_noces/clin_oeil_tradition.html
Ce qu’est un douaire: Droit d'usufruit sur ses biens qu'un mari assignait à sa femme par son mariage et dont elle jouissait si elle lui survivait.
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